❝ Maintenant, je sais. Ce monde, tel qu'il est fait, n'est pas supportable. J'ai donc besoin de la lune, ou du bonheur, ou de l'immortalité, de quelque chose qui soit dément peut-être, mais qui ne soit pas de ce monde. ❞ - Albert Camus
J’imaginais un lieu où, par la magie de la sincérité, un passage s’ouvrirait et mènerait vers une connaissance réciproque de soi et de l’autre.
Un lieu loin des amitiés commerçantes, des communications fonctionnelles, des phrases perverties et des flatteries sans âmes.
J’imaginais un monde où l’on ne chercherait pas à paraitre plus beau ou plus heureux, mais plus libre et plus courageux. Le présent, le futur, le passé y seraient confondus et le temps, du pain béni à partager.
Je rêvais d’un lieu libéré de la peur et de la méfiance. Pour le retrouver, j’ai marché les yeux fermés emportée par un vent bienveillant jusqu’au précipice. Dans un tel lieu de vérité, je croyais qu’il serait possible de rejoindre l’autre. Un autre qui, comme moi, y croyait. J’espérais que ce passage me conduirait vers les autres, vers mes semblables. Mais je n'étais pas assez sotte pour croire que ce lieu je l'inventais.
Je m’en veux d’avoir oublié tout ce que j’avais cessé d’oublier. Je m’en veux qu'en cherchant ce lieu, je m’étais absentée de ma vie. J’étais fatiguée d’avoir peur, fatiguée d’être déçue. Je connaissais si peu de choses et ce peu me faisait peur. J’avais la naïveté de croire que l’inconnu me serait un abri. Qu'une fois dedans, je perdrais ma peur. Mais c'était mon nom et mon visage que je ne retrouvais plus.
J’avoue maintenant que j’étais idiote de croire qu’il existait en ce monde un espace où on communique avec les autres tout en étant libérés de l’envie de nous parler à nous-mêmes, où l’on regarde les autres avec la même compassion que celle que nous avons face à nos miroirs.
J’ai passé, assez de temps, seule pour ne plus regretter de m’être trompée. J’aurais peut-être mieux fait de me taire. Écrire déforme mes paroles. Voilà pourquoi j’invente un langage qui ne pourrait un jour être écrit.
Ne m’en voulez pas, et ne m’offrez pas votre pitié . Au mieux, elle me dévasterait, au pire je n’y croirais pas...
Si tu sais combien je me ressource dans tes paroles, tu ne pensera pas à cesser d'écrire. Et par la grâce de tes paroles, nous serons au moins deux à écrire et à nous inquiéter, premiers pas vers les chemins du salut..
Un tel endroit existe et les mondes se confondent ou finissent par se confondre, c’est donc une question de temps et le temps, tu le sais sûrement, échappe totalement à nos volontés.