pourtant !

❝What is that you express in your eyes? It seems to me more than all the print I have read in my life.❞ ― Walt Whitman

Ma douleur n’est ni image ni pensée

Elle est un air de musique qui déchire

Elle est la frappe ultime où je vacille!

Comment raconter la fugacité d’une porte qui se referme,

les mots jamais prononcés et les caresses restées otages d’un cœur fier?

Il suffit d’une fièvre, d’un corps en délire

Pour que le temps fasse demi-tour, rouvre la porte et les lèvres scellés

et questionne la main aimée sur la raison de sa servitude

Mais après quoi ?

...

J’ai fait des vains efforts pour m’exprimer

Ils m’ont cloué le bec

ils m’ont mis des kilos de nuit sur les épaules

Je suis passée parmi eux, étrangère

Mais ils ont craché dans mon dos

Pendant que je souriais pour la photo

photographie @ al, Polaroïd

pourtant !

Je venais d’un pays prodigieux

Avec des paysages plus beaux que la vie

Mais de ce pays, de ces paysages

Je ne leur ai jamais rien dit

Je n’ai partagé ni leur pain ni leur lune

Pas même les jours sur le calendrier

Pourtant !

Je ne suis ni égarée, ni errante

Je n’implore ni pitié ni mémoire

Et quand je vois saigner leurs ombres sur le mur,

écrasées  par mon dos humide,

ai-je encore le droit de me plaindre ?