❝ Elle sent l'odeur citronnée et épaisse de ses cheveux. Les lèvres sont lisses, belles. Ils se sourient. Il s'écarte. Elle a encore la chaleur de sa voix dans le creux de l'épaule.❝ - Marguerite Duras
Les jours s’allongent et j’aime accompagner au soir le soleil jusqu’à la rivière, sa dernière demeure. Je l’imagine encore froide en ce printemps capricieux.
Je passe mon doigt sur la buée du ciel , je dessine la première lettre de ton nom puis je souffle dessus pour la faire disparaitre. Un souffle pour la vie, un autre pour la mort.
J’écoute près de moi le murmure des solitudes lointaines qui s’allument au jour qui tombe, à la nuit qui monte et qui se rejoignent un peu entre ciel et terre, se passant les consignes comme deux veilleurs.
Puis, le jour qui part et la nuit qui avance, qui s’installe et prend toute la place. Et moi qui la regarde s’éparpiller et tout peindre en ombre, je me sens étreinte par la douleur d’une ancienne blessure qui me revient après une lente et inutile convalescence.
Tout prés de moi, j’ai ce que je ne trouve plus ailleurs, cette absence qui me tient compagnie sans même me toucher le silence. Il me faut des mots pour gommer tant d’espace mais je ne connais que trop leurs pièges pour encore les chercher.
Dehors, le soleil n’est plus et dans les couleurs du soir j’imagine ton amour qui scintille sur les eaux dormantes de mai.
Dedans, en moi, le temps ne passe plus…
"Je passe mon doigt sur la buée du ciel , je dessine la première lettre de ton nom puis je souffle dessus pour la faire disparaitre. Un souffle pour la vie, un autre pour la mort."
Ah!si le bonheur ne tenait qu'à un gribouillage, je me garderais le plus longtemps possible de souffler."
J'ai dû relire ce chant si beau et si envoûtant à plusieurs reprises pour permettre à tous les pores de mon âme de l'absorber.
J'aime tes sortilèges ma sorcière bien-aimée.
Après que l’Architecte s’eût donné l’art de nous faire, un peintre gauche et badin vint d’un trait qui tremble hésite et fuit nous balafrer le cœur et disparaître sans rien promettre comme il n’était pas venu.
Quand il est vain de rester, il est vain de partir.
Contemplons alors ce silence inexorablement létal, linceul dérisoire des victimes collatérales que nous fûmes. ♦