❝ Tu m'as dit si tu m'écris, ne tape pas tout à la machine, ajoute une ligne de ta main, un mot un rien oh pas grand chose.Oui oui oui oui oui oui oui oui. ❞ - Blaise Cendrars
...Tu viens, la nuit, doucement te blottir entre mes mots. Des petits mots sans prétention, une petite musique que je dessine à l’encre noire. Je ne veux pas t’écrire machinalement. Je veux que tu sentes les lettres, qui s’attachent, qui se détachent. Qui tanguent sur le fil de la vie. Au rythme de mon cœur. Une valse sur cette musique qui te berce. Un souffle léger sur ton front d'éternel enfant pour t’enfoncer sagement dans le sommeil. Bordé par les rayons argentés d’une lune solitaire.
Tu vois, dans ce cahier bleu, où nous semblons si heureux, j’ai dessiné ton prénom en lettres légères. Un prénom bleu dessiné sur le blanc de mes nuits. Caché entre deux syllabes, un nom qui ne te trahirait pas. Un nom en aquarelle, mouillé par ce vent qui fait tourner mes pages vides. Qui t’emporte vers ces grands passages troubles où l’on ne te devinerait pas. Sur ces rives d’encre noire, poèmes d’automne, où je te couche sur des feuilles mortes de froid.
Je t’écris et je les écoute craquer au rythme de mes doigts. Du bonheur en désordre. De l’amour en pagaille. Je souffle sur les mots pour te retenir encore un peu. Mais tu continues à t’éloigner. Tu te laisses emporter par mes lignes qui ne te rattrape pas. je te vois te noyer dans les premières lueurs du matin qui pointe.
Je t’enveloppe dans la couverture bleue de mon cahier. Par la fenêtre, je laisse entrer le bruit du monde.
Et je redeviens silence…
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