❝ At midnight, in the month of June, I stand beneath the mystic moon.❞ ― Edgar Allan Poe,
L’approche, quelques fois effrayante, du matin laisse pénétrer en moi ces pensées vagabondes.
Quel esprit resterait debout et vaillant dans un monde si frêle, si bouillant?
Le monde glisse, les saisons se dérobent, plus de lignes droites, plus de refuge sous la lune. Mais que faire?
Que faire pour ne pas démériter, pour ne pas rougir de soi ?
À la voyageuse, à l’angoissée qui dors en mon corps, je ne trouve meilleur conseil que l’attente. Attendre qu’elle devienne plus sage, que sa voix réduite au murmure ait gagné en force pour atteindre les regards. Plutôt dire une chose incertaine que de se taire, mais plutôt se taire que mentir. Alors tais-moi!
Je lui souffle à l'intérieur de moi « sois grave mais légère; sauvage et docile; ni trop attachée à ta source, ni trop oublieuse; laisse-toi emporter par ta fougue, cède à ta fatigue; ni servile, ni hautaine; toujours entre deux extrêmes, sans jamais oser être médiocre… »
Pensées flottantes comme les premières lueurs qui les font naître. Un jour, elle fortifiera ses mots à la clarté aveuglante du soleil. Courbée, les yeux mi-clos, vaillante et rétive, elle élèvera la voix sans craindre qu’on ne la lui brise.
Mais, maintenant, à l’heure claire de la nuit, là où l’âme se laisse emporter volontiers, car croyant juste la direction prise, aucune souffrance n’est permise, je m’autorise à baisser la garde et lui ferme les deux yeux.
Le silence peut mentir, il empêche aussi de crier du fond de son âme douloureuse ! Libérez, libérez ce mot tant important de nos jours !
Quid des marguerites auxquelles il ne manque pas le moindre pétale ?