❝ Mais je le sens au bord des soirs. nous nous révélerons nos âmes. Et de mon âme et de ton âme naîtront figures de silence qui pleureront à voix très basse en s’en allant l’une vers l’autre.❞ — Rainer Marie Rilke
maman,
Il nous a manqué du temps pour me parler de toi, de ton enfance et de tes petits secrets de jeune fille. Tu étais si belle et le décor de ta vie t’allait comme t’allaient ta jeunesse et les robes fleuries de ce temps-là.
Je te devine, à petits pas flânés, entourée de tes amies sur le chemin qui menait de l'austère école à cette douce maison devant l’église où tu n’entrais pas . Combien de fois, j’ai fait ce petit chemin de ton village en pente qui se jetait à la mer. Cette montée peuplée de palmiers où les trottoirs devenaient glissoires les soirs de juillet. J’y reviens ce soir à travers quelques photos de tes tendres années. Tu y passerais et lentement, je t’aurais regardée grandir entre les ruelles humides et devenir celle que je porte encore au creux de mon ventre. Tu m’aurais peut-être reconnue et on aurait alors eu moins de secrets à taire.
Mais tu ne viendras pas et il ne me reste plus de toi, que cette voix emportée par un vent trop fort, par le bruit des vagues qui venaient s’écraser sur cette maison qui n’est plus...
Tu dois dormir pendant que j’écris ma solitude que ton sommeil réveille. Autour de moi, restent allumées les couleurs joyeuses de tes robes et tes sourires d’antan.
Si tu n’étais pas morte, il serait difficile de t’inventer. Et si j'écris, maman, c'est pour m'inventer un monde où tu y serais pour toujours ...
Tu me bouleverses 🥲 je n’ai pas eu le temps moi non plus de savoir qui elle avait été, qui elle était et ce qu’est-elle devenue ! Je n’ai connu rien que l’éloignement entre mes 11 et 40 ans ! Elle ne m’est apparue vraiment, le jour où je la pleurais, par un rayon de soleil le lendemain de son décès ! Signe d’amour indéfectible : ne pleure pas ma chérie !
Je la portais en moi, j’avais appris plus tard que c’était une fille !
Oh ! Comme je me sens près de toi avec ce magnifique texte 🙏🏻
Ces ruelles au parfum de nostalgie. Un récit poignant et très beau!
Ce monde existe déjà. Nous n'y sommes pas encore. Y serons-nous un jour.