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Photo du rédacteurAssia land

l'irrecevable lettre

❝ Mais je le sens au bord des soirs. nous nous révélerons nos âmes. Et de mon âme et de ton âme naîtront figures de silence qui pleureront à voix très basse en s’en allant l’une vers l’autre.❞ — Rainer Marie Rilke

maman,


Il nous a manqué du temps pour me parler de toi, de ton enfance et de tes petits secrets de jeune fille. Tu étais si belle et le décor de ta vie t’allait comme t’allaient ta jeunesse et les robes fleuries de ce temps-là.

Je te devine, à petits pas flânés, entourée de tes amies sur le chemin qui menait de l'austère école à cette douce maison devant l’église où tu n’entrais pas . Combien de fois, j’ai fait ce petit chemin de ton village en pente qui se jetait à la mer. Cette montée peuplée de palmiers où les trottoirs devenaient glissoires les soirs de juillet. J’y reviens ce soir à travers quelques photos de tes tendres années. Tu y passerais et lentement, je t’aurais regardée grandir entre les ruelles humides et devenir celle que je porte encore au creux de mon ventre. Tu m’aurais peut-être reconnue et on aurait alors eu moins de secrets à taire.


livre ouvert. Fous de bassan
Photographie @ al, Peut-être pas immortelle. Frédéric Boyer

Mais tu ne viendras pas et il ne me reste plus de toi, que cette voix emportée par un vent trop fort, par le bruit des vagues qui venaient s’écraser sur cette maison qui n’est plus...

Tu dois dormir pendant que j’écris ma solitude que ton sommeil réveille.  Autour de moi, restent allumées les couleurs joyeuses de tes robes et tes sourires d’antan.



photographie @al, Peut-être pas immortelle, Frédéric Boyer..

Si tu n’étais pas morte, il serait difficile de t’inventer. Et si j'écris, maman, c'est pour m'inventer un monde où tu y serais pour toujours ...

5 commentaires


martinej29
01 sept. 2024

Tu me bouleverses 🥲 je n’ai pas eu le temps moi non plus de savoir qui elle avait été, qui elle était et ce qu’est-elle devenue ! Je n’ai connu rien que l’éloignement entre mes 11 et 40 ans ! Elle ne m’est apparue vraiment, le jour où je la pleurais, par un rayon de soleil le lendemain de son décès ! Signe d’amour indéfectible : ne pleure pas ma chérie !

Je la portais en moi, j’avais appris plus tard que c’était une fille !

Oh ! Comme je me sens près de toi avec ce magnifique texte 🙏🏻

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Assia land
Assia land
07 sept. 2024
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Douce Martine, nos sentiments se rejoignent souvent ❤️

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Sabéha Doc
28 août 2024

Ces ruelles au parfum de nostalgie. Un récit poignant et très beau!

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Kamal Almi
Kamal Almi
27 août 2024
Et si j'écris, maman, c'est pour m'inventer un monde où tu serais pour toujours

Ce monde existe déjà. Nous n'y sommes pas encore. Y serons-nous un jour.

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Assia land
Assia land
28 août 2024
En réponse à

Nous y arriverons un jour à la fois …

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