❝ Let me sit here for ever with bare things, this coffee-cup, this knife, this fork, things in themselves, myself being myself. ❞- Virginia Woolf
Dans la chambre d’un poète en disgrâce
Où veillent tour à tour la Terreur et la Muse
Vient une nuit
Qui ne connaît pas l’aurore…
J’écris des phrases, je fais des signes mais je ne sais pas à qui je les adresse.
Je ne dois surtout pas te rencontrer.
De là où je parle, chacun est seul avec son désir et sa disparition.
Deux absences qui se découvrent.
Quelques fois, je me crois sur parole et voudrait toucher ton visage, vérifier que tu existes. J’aurais pris ma nuit pour une lumière.
J’aurais surtout rompu ton charme…
Mes mains ne devaient jamais t’approcher, te toucher, qu’elles s’attardent, qu’elles perdent leur chemin. Les mots écrits ne se convertissent pas en caresses ni le poème en un corps de chair.
Écrire est un curieux geste qui invite à l’amour, il tremble d’en cueillir le fruit et meurt à le porter aux lèvres.
Dans le long mouvement que je fais pour t’approcher, je ne fais que disparaitre …
Une osmose imperceptible, de compensation intime. Bel écrit !
L'écriture est-elle un filtre(philtre !) qui amplifie la rencontre et permet la communion en passant par l'évanescence et la disparition ?
Dissolution est un mot traitre qui feint ignorer le principe de la conservation. «Désagrégation d’un organisme s’effectuant par la séparation et la dispersion de ses éléments constituants» qui vont tranquillement, silencieusement, et ce mot compliqué, “subrepticement”, sournoisement, se reconstituer ailleurs, en d’autres temps, en d’autres choses, et capter de nouveau l’âme qu’ils continrent un jour bien qu’une âme n’a pas besoin de contenant.
Elle n'a besoin que d'un ver. Fut-il monosyllabique !
Alors dissolvons-nous tant que nous voudrons : il en restera toujours quelque chose. ♦
''Disparais sans regret. Au gré de la rigueur suave''