ci-gît, ma joie!

❝Viens, suis-moi, et laisse le monde à ses balbutiements.❞  Dante Alighieri

On ne rendra jamais justice à ce pouvoir qu’a la poésie de nous ramener à nos lieux oubliés, à nos rencontres furtives, à nos amours lointaines. Comme si tout d’un coup le voile du présent s’était déchiré, tout hermétique qu’il soit en apparence et cette impression de décoller, d’apercevoir la blancheur virtuelle des immeubles, le bruit des volets qui s’ouvrent en bleu, la puissante sensation d’être à chaque porte arrivé chez soi, l’absence merveilleuse d’envie ou d’impatience.

Simplement, marcher vers l’inévitable rencontre psalmodiant son bonheur, en pensant « ci-gît, ma joie » et la ruelle qui se déploie comme un fleuve charriant deux âmes qui s’enlacent sans se lasser, insouciantes pendant que le ciel manigance.

Fragile est la promesse, aussi fragile que cet amour naissant dans l’improbable. L’amour qu’on pensait solide et spacieux comme une maison à tous les soleils offerte, maison où se rassemble autour d’une table épicée, deux rêves enfin réconciliés avant que ne vole en éclat la vitre protectrice, qu’on ne s’en rende compte qu’on s’était trompé d’étage ou de dimension et qu’il était déjà temps de rompre et de se rendre à l’inévitable…

Ce n’était qu’un rêve en plein jour, un tout petit rêve sous un ciel de plus en plus méprisant sachant que je ne saurais jamais en décrire ni la couleur ni l’épaisseur ni le goût ni l’effet qu’il provoque en moi quand je le contemple et quand je le bois…

Le ciel est un poème et au ciel de ce jour-là, je n’offrirai nulle rédemption!

Photographie @mahdiaridjphotography.com . Algiers