amour et autres petits soucis...

❝Tout ce que je rencontre devient partie de moi. A vous, tous, que vous le sachiez ou non, qui êtes venus flâner dans le tissu de ma vie et qui en êtes ensuite ressortis : vous m’avez laissé une part temporaire dont je ferai quelque chose.❞ - Sylvia Plath

Le même abandon dans la tête. La même oisiveté dans une chambre avant le départ pour un séjour incertain.

Temps vague, rien à quoi se raccrocher, comme si j’étais déjà partie, mal installée au bord de moi-même, la mine défaite, ne tenant plus en place, ne sachant comment m’occuper, feuilletant des livres sans pouvoir les lire, pianotant sur le clavier, supprimant mes phrases.

En ces moments-là, tout me semble inutile, incapable de réagir, inquiète de ce qui se trame et que je ne maîtrise pas. Le souci de quelque chose ou de rien.

Et si je m’étais trompée de corps?

photographie@al, in-souci-ance

Inconfortable dans ce vêtement de chair, je me tourne et me retourne, je veux sortir. Je cherche un corps mieux fait, plus large, qui conviendrait mieux à l’idée que je me fais de ma finitude.

Images confuses, silence en vrac. Cheveux emmêlés aux pensées. Je m’applique à rentrer en moi-même.

Ceci explique l’amour.

Car le véritable souci, le souci le plus pur est le souci d’amour. Inquiétude insatiable et douce, poison offert sur les lèvres de l’autre. Je m’engourdie peu à peu dans une rêverie jalouse.

L’amour est souci. Impatient dans l’absence, préoccupé par l’éphémère, explorant la mémoire radieuse de ce qui pourrait arriver en se déclarant seul au monde.

Sensible au moindre signe, le souci écorche l’amour. Il s’abime contre le silence qui étouffe nos vies clandestines.

Et moi qui ne dois ma survie qu’à l’écume des mots qui vient mourir sur tes lèvres...