❝Tu es toujours ma splendide fleur sauvage des haies, ma fleur bleu-nuit inondée de pluie.❞ — James Joyce
Aujourd’hui, je dis tu à la nuit, à l’hiver et aux bourrasques. À tout ce qui s’approche puis s’éloigne. Je dis tu à mes souvenirs, aux carnets que je tiens, aux livres que je lis.
Mon existence est de papier et tu est tout ce qu’il me reste.
Mais il faut parler de choses ou d’autres.
Se tenir tranquille.
Faire comme si, les mains jointes.
Ou bien, les mains jointes, faire comme si.
Prier encore même quand on n’y croit plus.
Aujourd’hui est une heure étrange. Le soir qui tombe oublie mon nom. Mon amour dort le dos au mur. Il se réveille puis se rendort ,
tandis que mes pages saignent d’une encre noire.
Il ne faut surtout pas croire qu’écrire soit chose possible. Si aimer n’est pas de ce monde-là, écrire n’est de nulle part.
Aujourd’hui, mon encre a séché. Je dis tu à ce poème qui me manquait, sa voix est le seul bruit qui me prête oreille.
Quand tout a été dit, quand nul ne se résigne à être ce qu’il est, ce poème est là où le silence m’attend.
J’insiste. Il n’y a rien à ajouter…
Tu cherches un Dieu !
Tu pries les mains jointes ou pas !
Tu te libères dans tes poèmes !
Tu aimes aimer nuit et jour !
Tu bouscules les heures et les saisons !
Tu es toi du crépuscule aux aurores !
Tu es poète, tu es notre Sappho !
Amen